Discours de l'entre-deux-tours

Publié le par G J-P

Le meeting de l'entre-deux-tours des élections régionales qui s'est tenu le jeudi 18 mars m'a conduit, au titre du rassemblement des listes PS et EE,  à prononcer un discours devant les militants socialistes et écologistes réunis ce soir là.
Quelques uns m'ont demandé de le leur transmettre ... le voilà donc !


Discours prononcé par Ghislaine Jeannot-Pagès , lors du meeting d'entre-deux-tours des élections régionales  

 

Bonsoir,


Le grand meeting d'entre deux tours est un moment privilégié où on tente de mobiliser toutes ses forces pour gagner et convaincre les derniers électeurs hésitants à se rendre aux urnes. Ce n'est donc pas un moment de réflexion, voire de méditation, c'est un moment d'action : derniers tractages, collages, boîtages...

Cela n'empêche pas faire comme nous les écologistes ne cessons de marteler : agir localement, penser globalement.

Chers amis d'Europe-Écologie, des Verts, du « Partit occitan », de Régions et peuples solidaires, vous tous camarades socialistes, nous allons agir localement dans les prochains jours, mais du même coup nous devons remettre en perspective ce qui ce soir nous amène là.

En effet, le Parti Socialiste et ses alliés locaux, sont côte à côte avec Europe-Écologie ce soir et c'est une grande nouveauté.

La semaine qui finit de s'écouler a été fondatrice pour d'un nouveau réseau d'alliances à gauche qui va marquer la décennie à venir, et en Limousin cela est apparu au grand jour. La surenchère locale de l'extrême-gauche qui n'offre aucune alternative politique sérieuse a entraîné une série de petits cataclysmes dont les secousses ne sont pas près de finir.

Nous avons donc annoncé que EE allait cogérer la région, nous y sommes prêts, bien sûr encore plus que vous autres camarades socialistes peut-être ne l'êtes, car la fusion dont il est question est pour nous une fusion de programmes, encore plus que de places sur les listes. Il ne reste plus qu'à en faire une vraie convergence de projets pour le Limousin.

Nous allons donc ensemble organiser les assises de la transformation écologique du territoire dans l'année qui vient, nous allons lancer des innovations dans le domaine de l'économie sociale et aussi du numérique, nous allons encourager les circuits courts et l'agriculture économe et autonome, nous allons renforcer les mesures de l'Agenda 21 et l'écoconditionnalité des aides ... Nous avons tant à faire.


Ce changement d'alliance privilégié, s'appuyant sur un axe PS-EE n'est pas un calcul électoral à courte vue, c'est une évolution majeure des fondamentaux idéologiques de la gauche, et je vais essayer de vous l'expliquer.

La pensée politique du siècle précédent a opposé capitalisme et socialisme : les uns défendaient la possession des moyens de production et des richesses par quelques-uns, les autres en voulaient l'appropriation par le plus grand nombre. Ce clivage n'a pas véritablement changé. et c'est là déjà que nous nous situons radicalement à gauche, dans une gauche qui partage, qui ne veut pas tout marchandiser.. qui s'appuie sur la solidarité ici mais aussi ailleurs, une gauche qui a pensé la décolonisation et la souveraineté des peuples… Mais les enjeux mondiaux se sont complexifier, la souveraineté dont parlaient nos anciens, se nomme aujourd'hui souveraineté alimentaire…

la décolonisation dont il s'agit est celle des esprits : nous avons été soumis au culte du gaspillage et c'est de cela dont il faut désormais se libérer.

Gaspillage et de la pollution ont engendré finalement le chômage endémique et la misère du milliard d'êtres humains qui ne mangent pas à leur faim.


La révolution de l'écologie politique de ce siècle vient de la prise de conscience qu’on ne peut avoir une croissance infinie du gaspillage dans un monde fini, que ce soit une croissance de la pollution que la planète ne peut plus absorber, ou de l'exploitation des ressources comme le pétrole, le sol ou les poissons des océans.


Chacun sait maintenant qu'il faudrait quatre planètes pour que tous les humains puissent vivre aussi bien que les Limousins. Et pourtant, vivons-nous si bien que cela ?

Chacun se doute que cette richesse de quelques pays du Nord s'achète au prix de la misère dans le tiers-monde, ou le quasi-esclavage de travailleurs des pays asiatiques devenus l'atelier de la planète. Chacun comprend que cela ne pourra durer. Il faut nous préparer à partager, sous peine de devoir affronter le déferlement de la barbarie… Partager ce n'est pas nécessairement synonyme de moins, mais c'est sûrement, certainement, équivalent à mieux. et à plus, pour ceux que la croissance du capitalisme monétaire laisse, abandonne délibérément, cyniquement.

Nous pensions qu'un jour les Restaus du cœur n'existeraient plus parce que personne n'en aurait plus besoin… et je vois, j'ai vu l'autre jour, sur une affiche, l'intolérable, l'inadmissible.

la photo d'un sac de couchage sur une affiche avec ces mots. « Il n'a pas de toit, aidez-le… ».Nous en serions arrivés là, à ne plus nous révolter ensemble… nous en serions arrivés là, à passer dans l'indifférence… devant ce simple sac de couchage !

Si l'écologie politique est de gauche, c'est parce qu'elle ne peut être en aucun cas de droite, car la prise en compte de ce défi mondial implique un rejet sans concession du libéralisme, de leurs grands groupes industriels et financiers, de tous les mécanismes qui accaparent le bien commun qu'est notre planète pour la détruire, et l'humanité avec, à la seule fin de s'enrichir. Mais d'enrichir qui ? Ces quelques-uns qui sont les pillards de ce qui nous appartient à tous, en partage...


L'écologie politique est donc de gauche, mais n'est pas révolutionnaire : nous sommes militants non pas du grand soir, mais plutôt des petits matins. Nous pensons que les sociétés doivent évoluer radicalement, mais par des réformes plutôt que d'illusoires révolutions. Et c'est le matin qu'on mesure l'étendue du travail à accomplir.

Nous devons anticiper les évolutions à venir, la fin des ressources et notamment du pétrole bon marché, afin de reconquérir les éléments de souveraineté de notre territoire : lorsque l'essence sera à 5 €, il sera trop tard pour bâtir en une nuit une région qui offrira une vraie mobilité à ces concitoyens. lorsque le gaz et le pétrole auront encore augmenté, qui pourra se chauffer, le défi régional est là et nous le relevons ensemble pour que le Limousin recouvre sa souveraineté alimentaire, gagne une certaine autonomie énergétique, ce qui nous permettra de travailler et aussi de produire du lien social.

Vous comprenez donc que notre alliance politique locale, en Limousin, est donc une alliance de raison, qui reflète une alliance nationale, et le résultat d'un compromis que nous avons accepté, aussi imparfait soit-il.


C'est une alliance qui va faire gagner l'Alsace. L'alliance rose et verte est au coude à coude, mais va gagner cette région traditionnellement à droite et qui semblait, il y a quelques mois, complètement imprenable. Lorsqu’on se rend compte que d'après un sondage paru aujourd'hui, plus de 90 % des voix récoltées par le candidat d'EE, Jacques Fernique, vont se porter sur la liste menée par le socialiste Jacques Bigot, on mesure la qualité des reports de nos électeurs... .

 

Cette alliance conclue partout (Ok il y a l'exception bretonne.. !) c'est surtout une alliance d'avenir, car nous devons construire un projet de société qui n'a encore jamais été proposé encore à nos concitoyens. Nous ne voulons pas entrer ce soir dans le débat de primaires pour un quelconque casting présidentiel. parce que ce n'est pas l'enjeu de dimanche… et parce que cela va bien au-delà.

Nous sommes sûrs que c'est un nouveau projet de société, et même de civilisation qui doit naître de cette rencontre entre l'écologie politique que nous portons, et du socialisme que vous représentez, n'est-ce pas ?

Et nous allons ensemble, en tentant l'aventure de la cogestion régionale, poser les premières pierres de ce projet.

 

Nous souhaitons que s'ouvrent des discussions et des débats entre les sections du PS limousin et les comités locaux d'Europe-Écologie afin de confronter nos expériences, dans un débat d'idées…

 

L'écologie politique ce n'est pas seulement la protection de l'environnement.... c'est une nouvelle façon de créer des richesses ici, sur ce territoire.


C'est parce que nous tiendrons dans la première année de la mandature les assises de la transition écologique de l'économie et de l'emploi que nous avons pu rejoindre ce rassemblement. parce que c'est ensemble que nous allons construire un Limousin plus audacieux, plus créatif, et que nous saurons élaborer des liens forts avec les autres régions.. pas sur le mode de la concurrence, mais dans un esprit de coopération, de mutualisation de nos expériences…


C'est de cet avenir dont nous sommes tous porteurs ici… C'est cet avenir que je vous propose de construire dès maintenant.

 

Ghislaine Jeannot-Pagès

 



 


 

Publié dans Société

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